Récollection des prêtres du diocèse à Notre Dame de Fresneau. Le dialogue interreligieux.

Les prêtres du diocèse se sont retrouvé le 8 et 9 mars à Notre Dame de Fresneau pour un temps de retraite avec comme thème de réflexion : « Le dialogue interreligieux ».

Avec Guy Leydier, diacre et le groupe diocésain du dialogue islamo chrétien, nous avons pu participer à la matinée du mercredi 9 où intervenait Mgr Jean-Marc Aveline Evêque de Marseille. Voici quelques éléments de son intervention.

Est-il légitime de prétendre à la vérité ? 5 points peuvent nous aider pour construire un dialogue authentique :

La Mission doit être vécue comme service de la relation de Dieu avec le monde. C’est le centre de gravité de l’Eglise. Cela nous appelle à nous décentrer. Nous devons chercher dans le monde, les traces du désir de Dieu. La théologie a pour tâche de recueillir les données des sciences religieuses pour en trouver les traces de ce désir de Dieu. L’Eglise, n’est pas une religion, mais un ministère dont nous sommes les serviteurs.

Teneur théologique du mot DIALOGUE. Nous confessons (c’est un acte de foi) que Dieu pour se révéler a choisi d’engager avec l’humanité un dialogue sous forme d’ALLIANCE. (cf.  Ecclesiam tuam n° 67 à 72) St Irénée nous dit que les deux mains du Père sont le Fils et l’Esprit. Entrer dans le dialogue, c’est entrer dans une relation trinitaire.

Nous devons donc faire l’apprentissage d’une coopération avec l’Esprit Saint. Regarder nos actions sous le regard de l’Esprit Saint. Contempler l’Esprit Saint présent en d’autres traditions religieuses. Saint Jean-Paul II nous dit : « toute prière authentique est inspirée par l’Esprit Saint (cf. Redemptoris Missio n° 28 : « L’Esprit se manifeste d’une manière particulière dans l’Eglise et dans ses membres ; cependant sa présence et son action sont universelles, sans limites d’espace ou de temps. Le Concile Vatican II rappelle l’œuvre de l’Esprit dans le cœur de tout homme, par les « semences du Verbe », dans les actions même religieuses, dans les efforts de l’activité humaine qui tendent vers la vérité, vers le bien, vers Dieu »)

Nous devons revenir aux sources de la relation Judéo Chrétienne. 

 A) Ce fut le travail des pères de Vatican II. C’est Jean XXIII qui a demandé que soit inscrite dans les travaux du concile une réflexion sur le judaïsme. S’appuyant ainsi sur les recherches de Jules Isaac sur « les racines de l’antisémitisme chrétien »

B) Ce fut le travail de Dietrich Bonhoeffer et Karl Bart face au virus du marcionisme. (Marcion a été condamné en 144 pour avoir prôné l’élimination de toute judéité du nouveau testament). Dérive encore bien présente au début du XXème siècle dans le christianisme allemand. Nous ne devons jamais oublier que notre foi chrétienne est greffée sur la foi juive.

C) Nous ne devons pas non plus oublier le lien entre la Mission et la Promesse. Promesse faite à Abraham. Promesse qui sous-tend la foi juive. La mission de l’Eglise est d’accompagner la marche de Dieu vers les peuples du monde.

La Mission est la mise en œuvre de la définition de la catholicité. Comme une dynamique, une vocation. Vocation qui s’ébauche dans cette parole : « Vois je t’ai gravé dans les paumes de mes mains » (Isaïe 49-16) et s’achève par ces paroles : « Que celui qui a des oreilles entende ce que l’Esprit dit aux Eglises : A celui qui vaincra je donnerai de la manne cachée, et je lui donnerai un caillou blanc ; et sur ce caillou est écrit un nom nouveau, que personne ne connaît, si ce n’est celui qui le reçoit. » (Apocalypse 2-17). Vocation que je découvrirais au terme de ma vie sous le regard de Dieu. Vocation qui sera toujours tout au long de ma vie un travail d’enfantement : « J’accepte d’avoir été choisi ». Vocation mais aussi Intuition comme le dit Henri de Lubac : « L’Eglise était déjà catholique en sortant du cénacle. La catholicité de l’Eglise vient de sa conscience d’avoir été appelée, par pure grâce, à coopérer au salut du monde entier.

Charles de Foucault parlant de la catholicité dit il y en a trois.

Celle de Nazareth : la catholicité de la dernière place.

Celle de Béthanie : la catholicité de la fraternité.

et enfin celle de Gethsémani : la catholicité de l’abandon.

Jocelyne et Philippe Luciani