Paroisse Saint Pierre des Monts du MatinÉglise Catholique en Drôme

Il est venu ce Jour d’allégresse et de joie. Il est venu dans nos obscurités, dans cette période où plus que jamais, nous ressentons notre fragilité, nos appréhensions quant à l’avenir. Il est venu comme éclatent et s’épanouissent les bourgeons après la froidure de l’hiver.

Il a fallu pour cela que comme le peuple juif, qui au sortir de l’Égypte a cheminé 40 ans dans le désert avant d’arriver en Terre Promise, nous cheminions 40 jours durant ce Carême dans le désert de nos vies. Que nous contemplions le Serviteur au soir de sa Pâques à genoux devant ses disciples pour leur laver les pieds et leur offrir en plénitude sa vie au cours d’un repas.

Que nous contemplions jusqu’où a été son amour qui se donne à chacun, sous les quolibets, les crachats, les coups… les clous. Entendre ce cri déchirant du Fils à son Père : « Mon Dieu, mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné ! ». Ce cri qui porte en lui tous les cris de chacun de nos frères et sœurs aujourd’hui dans notre monde. Cri des enfants abusés, des femmes battues, des peuples révoltés et massacrés, de ceux qui perdent leur travail, des malades dans les hôpitaux, de ceux qui désespérant se suicident… Et cette autre parole rapportée par Luc : « Père entre tes mains, je remets mon esprit. » qui nous ouvre un chemin vers le Père.

En paroisse, nous avons vécu ces instants jusqu’au Samedi Saint. Temps où la mort n’a pas encore cédée sa place à la Vie. Temps du grand silence de Dieu ou pourtant tout ce fait. L’icône de la Résurrection dans l’Église orthodoxe, nous dit bien ce moment. On y voit Jésus descendant aux enfers pour tirer à Lui tous les hommes en commençant par Adam et Eve.

Couvre-feu oblige, nous nous sommes retrouvés en paroisse, grâce à internet pour vivre avec les disciples. Comme les disciples qui ont vu de près ou de loin leur ami conduit au supplice de la croix, partager leur désarroi et leur peur, et comme Marie au pied de la croix, prier et garder l’Espérance. Beau moment de célébration vécu chacun et ensemble à la maison.

Au petit matin, sur les pas des femmes, nous avons couru au tombeau et l’avons trouvé vide.

6h30 en ce matin de Pâques l’église de Chatuzange voit se rassembler les chrétiens. Il fait encore nuit, mais petit à petit la lumière envaihit les ténèbres. Une rumeur se répand : Celui qui était mort est revenu à la Vie.

Le silence laisse place aux chants et aux acclamations.

La prière universelle comme une boussole dans nos nuits :

En ce matin de Pâques, Marie-Madeleine, Marie mère de Jacques, et Salomé sont allées au tombeau qu’elles trouvent vide. Alors leurs yeux et leur esprit s’ouvrirent, elles crurent aux paroles de Jésus : « Seigneur, aide-nous à croire sans voir et à oser courir annoncer avec confiance le Christ ressuscité, vivant toujours en avant de nous. Que cette foi en la résurrection rassemble tous les chrétiens, en particulier les nouveaux baptisés. Ils sont ferment dans la pâte, souffle nouveau pour l’Eglise d’aujourd’hui et celle de demain. »

En ce matin de Pâques, comme éclatent et s’épanouissent les bourgeons après la froidure de l’hiver, que nos mains portent la vie, et que grandisse l’amour dans nos cœurs : « Seigneur ressuscité, aide tous les croyants à faire éclater la vérité sur leurs lèvres, à faire régner la paix autour d’eux et sur toutes les populations meurtries par la guerre et l’injustice. Que jaillisse partout le désir d’un monde nouveau, sans distinction après l’épidémie, un monde où tout homme pourra retrouver sa dignité. »

En ce matin de Pâques, la lumière a vaincu les ténèbres : « Seigneur ressuscité, nous te confions toutes les familles proches ou lointaines qui sont en deuil, tous ceux qui ont perdus leur travail, leur santé, leurs espoirs ou leurs racines (comme les migrants rêvant d’une terre d’asile). Que des présences fraternelles aident chacun à rouler la pierre qui cache ta Lumière. Ils pourront alors reprendre force et sentir combien Ton Amour infini les accompagne pour croire en la Vie. »