Histoire de l’église de St Vincent la Commanderie
L’ordre de Malte et la Commanderie de Saint Vincent
L’Ordre de Malte, ainsi désigné depuis le transfert de son chef en cette île, portait le vocable officiel : « Ordre de Saint Jean de Jérusalem ». Outre sa propre donation, il avait recueilli, après la suppression de l’Ordre des Templiers, les biens de celui-ci.
Deux partis se partageaient le département de la Drôme :
Celui de l’Auvergne, régi au dernier siècle par le prieuré Saint Georges de Lyon, s’étendant jusqu’à l’Isère (les commanderies de Lachal, Saint-Paul-les-Romans, Monteux, en dépendaient).
Celui de Provence, régi par le grand prieuré de Saint Gilles et qui avait son siège à Arles. Les commanderies de Valence, Saint-Vincent, Valdrôme, Poët-Laval, Lachau, en faisaient partie.
Les chevaliers de Malte établirent de nombreuses commanderies qui servaient de gîte, de lieu de protection ou de soins, soit aux habitants voisins, soit aux voyageurs, soit aux pèlerins. En principe, il y en avait tous les 30 à 40 km environ.
Dans notre région, il y en avait à :
Saint-Paul-les-Romans, Venterol, Cristalot (commune de Beauregard),
Saint-Laurent-en-Royans, Saint-Jean-de-Terrone (commune de Clansayes),
Saint Paul-Trois-Châteaux, Poët-Laval, Lachau, Valdrôme,
Lachal (commune d’Epinouze), etc…
Les chevaliers étaient répartis en trois classes :
1. les soldats
2. les hospitaliers
3. les religieux
Ceux de Saint-Vincent, d’abord hospitaliers, furent transformés en gendarmes par la suite. La Commanderie de Saint-Vincent date de 1214. Elle a été construite sur les ruines d’un ancien château féodal. Elle dépendait de Poët-Laval mais, vu son importance (elle possédait de vastes propriétés à Marches, Barbières, Hostun, Beauregard, Meymans) elle devint en 1269 membre de celle de Valence : Commanderie Falcon de Villaret.
Mais la commanderie de Valence (dont l’emplacement était sur l’ancien polygone) fut entièrement détruite. Son chef-lieu fut en fait transféré à Saint-Vincent-de-Charpey.
(Preceptoria Sancti Viventi propre et extra muras civitates Valuntu 1315, Archives de la Drôme, fonds de la Commanderie).
Dès lors, le domaine de la Commanderie de Saint-Vincent fut très étendu de l’Abbaye (sur Valence), de la Ruelle (à Chabeuil), de Barry (à Saint-Marcel) de la Bayanne (forêt d’Alixan et de Châteauneuf-sur-Isère), préceptorie de Fiancayes (entre Chatuzange et Marches), héritage du temple de Crozon (avec son moulin et sa ferme) et diverses annexes dans le Royannais.
En 1577, des troubles ayant éclaté, une horde d’insurgés venant de Châteaudouble vint cerner et assiéger le village de Saint-Vincent. L’armée, insuffisante, cantonnée à Chabeuil, ne put l’empêcher. Le village, où des »’combats sanglants se livrèrent, fut dévasté, rasé, ainsi que sa Commanderie (quelques parcelles de terrains portent encore le nom de » champ du sang »).
L’année suivante, des temps meilleurs s’étant produits, le calme revint. La Commanderie fut reconstruite en 1610 par le Commandeur Jean-Pierre de Buinat. Il fit élever, sur les
décombres du château, un bâtiment simple, mais de forme et de caractère analogue au
précédent. C’est le bâtiment actuel.
En 1767, le revenu total de la commanderie s’élevait à 18.035 livres et les charges ordinaires à 3.966, non compris 51.876 livres dépensées en 20 ans en améliorations de toutes sortes.
(N.B. La livre, avant la loi du 18 Germinal an III valait 0,9876 de notre monnaie avant 1926)
Jusqu’à la Révolution française, plusieurs commandeurs de Malte se succédèrent.
A la révolution, la Commanderie, devenue bien national, fut vendue à des particuliers. Elle fut remise en état (en particulier l’intérieur en 1927). Sont considérés comme étant de l’époque : les plafonds à la française, les cheminées, dont une porte la Croix de
Malte en partie effacée lors de la Révolution, l’escalier de l’ancienne cure et les murs. Ceux-ci, fort épais (certains ont 1,00 m) sont composés de deux murs entre lesquels il y a des gravats.
Elle reste au milieu de notre village si paisible, le vestige d’un passé bien tourmenté.
La Commanderie de Saint Vincent
Le village existait déjà en 1240 puisque, dans un cartulaire de cette date, (Romans 304) il est fait mention de la Commanderie de Saint-Vincent (Parrochia et domus Sancti Vencenti de Charpey), le 1er commandeur étant Pierre Guitard, précepteur de l’hôpital de Saint-Vincent.
L’église de cette commanderie fut détruite lors des guerres de religion. Saint-Vincent fut le fief des Comtes du Valentinois qui l’inféodèrent à l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem.
Un événement grave est signalé dans un document (daté du 26 février 1670) intitulé « mémoire de ceux qui ont été mordus par un loup », dû à un auteur anonyme (voir plus loin : « Le loup de la Commanderie ’’).
Avant 1790, Saint-Vincent était une paroisse du diocèse de Valence et de la communauté de Charpey, dont l’église était celle d’une Commanderie de l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem vers la fin du XVIème siècle et dont le titulaire, qui avait les dîmes de cette paroisse, était, en outre, seigneur temporel de Saint-Vincent, fief des Comtes du Valentinois.
Le territoire de l’actuelle commune de Saint-Vincent-la-Commanderie formait autrefois la
paroisse de Saint-Vincent qui, primitivement, dépendait de la commanderie de Poët-Laval, ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem puis de Malte. son importance, et plus encore l’humeur tracassière des seigneurs de Charpey, valurent à Saint-Vincent d’être élevé en siège d’une nouvelle commanderie en 1241, qui, plus tard, devint membre de celle de Valence. Un commandeur réside à Saint-Vincent, exerçant sur les terres de la paroisse l’autorité seigneuriale avec juridiction tant en matière civile que criminelle sur les habitants.
Les commandeurs eurent de nombreux différents avec le comte du Valentinois Aymar de
Poitiers, qui leur contesta la plupart de leurs avantages, voulant notamment lever des tailles à Saint-Vincent et y agir en suzerain haut-justicier. Ces difficultés furent résolues par quelques accords, ceux de 1269 et de 1308 en particulier, dont les principales dispositions stipulaient que les hommes de Saint-Vincent devaient contribuer à l’entretien des remparts de Charpey, moyennant quoi la juridiction criminelle et le droit de lever des impôts restaient à l’ordre de Malte.
Un village s’était formé peu à peu autour de la Commanderie après son érection en 1241, doté bientôt d’une église desservie par un religieux de l’Ordre ou par un prêtre séculier.
En 1578 le village de Saint-Vincent tomba au pouvoir des protestants et le château de St Vincent fut emporté, dévasté et abattu. Une nouvelle commanderie fut élevé peu après sous la direction du frère Jean-Pierre de RUINAT, sur les décombres de celle qui avait été abattue par les protestants, c’était un bâtiment d’un style simple mais, d’après les termes d’une notice de l’abbé VINCENT en 1856, « relevant dans ses proportions et sa forme ce caractère de grandeur qui devait témoigner du rang social de ses habitants. »
Vers 1681, le commandeur de Malte qui s’ennuyait à Saint-Vincent, abandonna sa résidence pour celle de Valence, préférant une vie de société plus brillante. La commanderie fut démantelée à la révolution mais, sauf erreur, c’est toujours le bâtiment du XVIIème siècle remis en état qui abrite aujourd’hui la nouvelle mairie de Saint Vincent la Commanderie.
Dès 1870, les habitants de la section de Saint-Vincent avaient présenté une demande de détachement, mais seul le hameau de Bésayes, qui dépendait également de Charpey, avait été autorisé cette année-là à former une commune distincte. En 1895 -1896 eut lieu une nouvelle démarche infructueuse, reprise en 1950, et ce n’est qu’après le dernier recensement de 1954, qui établissait que la population de Saint Vincent avait dépassé d’une unité les 300 habitants réglementaires, que cette section put devenir indépendante.
Les habitants de Saint Vincent demandèrent la dénomination « Saint-Vincent-sur-Boisse »,
d’après le nom du ruisseau qui traverse la commune ; M. de FONTREAULX, avait proposé : « Saint Vincent de Charpey », le ruisseau de la Boisse étant trop peu connu.
Histoire de l’église de Saint Vincent la Commanderie
1770 : JACQUET, curé de Saint Vincent.
Révolution : Le 31 janvier 1791, Gaspard DIDERON, prêtre et curé, prête serment (loi du 27 novembre 1790) à l’issue de la messe, devant la municipalité et toute la paroisse.
1863 : reconstruction de l’église qui sera achevée en 1883. Le clocher a été réalisé en 1893. La petite cloche au tintement aigu était destinée aux jours d’orage, le son qu’elle émettait dispersait les nuages et préservait de la grêle. Dans l’église, au dessus du maître autel, la grande croix est le souvenir d’une mission prêchée en 1922 à St Vincent. Il y avait une plaque qui la commémorait. La croix et la plaque étaient dressées, à l’origine, derrière la statue de Notre Dame de Lourdes, à droite de la nef centrale. Le tambour de l’église a été ajouté par le curé CELLE avec des dons des paroissiens. La table de communion en fer forgé a été enlevé ainsi que la chaire qui se trouvait à gauche de la nef centrale, à l’angle de la chapelle de Saint Joseph.
En 1996, installation d’un chauffage au gaz par lustres radians.
En 1998 : Travaux d’aménagement de l’église (changement des bancs et pose d’un revêtement de sol partiel). Le financement sera assuré par une subvention du département, une très forte participation des fidèles et le solde éventuel par les fonds communaux.
En 1999 : réfection complète de la sonorisation de l’église.
La Commune a largement participé à l’aménagement de l’église en se portant maître d’œuvre, en obtenant des subventions du Département et en récupérant la TVA.