Histoire de l’église de Jaillans


Bâtiments et espaces liés à la vie religieuse
 

L’église
Il paraît aujourd’hui vraisemblable que l’église actuelle ait été bâtie à la fin du XIe siècle ou au tout début du XIIe siècle, sans doute, par les moines de Montmajour.
Il n’est pas exclu qu’une église antérieure ait pu exister et qu’elle fût le résultat d’un vœu, (légende de la Jaille) mais nous n’en avons aucune preuve indiscutable.

L’église de Jaillans est désignée suivant les époques sous les noms de Sainte-Marie (église bénédictine, XIIe et XIIIe siècles), Notre-Dame (église sécularisée, XIVe siècle), Notre-Dame de l’Assomption plus récemment (on trouve déjà cette appellation au XIXe siècle).
Voici la description retenue par le Service des Monuments Historiques lors de l’inscription de l’église en 1926 :
« Hormis sa façade occidentale, pseudo¬ -romane et quelques chapelles latérales, adjointes au cours des siècles au nord et au sud entre des arcs-boutants tardifs, c’est un édifice roman très homogène et du plus grand intérêt. Appareillé en calcaire dur, l’intérieur se compose d’une abside semi-circulaire voûtée d’un cul-de-four et éclairée à l’origine par une unique baie d’axe, très ébrasée intérieurement et extérieurement ; d’une travée de chœur (impostes à décor cordé) couverte d’une coupole sur trompes, qui porte le clocher ; enfin d’une nef de quatre travées voûtées en berceau brisé, reposant sur de grands arcs de décharge en plein cintre plaqués contre les murs gouttereaux et portés par des doubleaux prenant appui sur six demi-colonnes ornées de chapiteaux historiés ou ornementaux taillés dans la molasse ». (ISMH 1926)

façade de l’église en 1874
Le clocher

« Le clocher, très caractéristique des clochers romans du Royans et de la basse vallée de l’Isère (Meymans, la Motte Fanjas, La Sône, Saint-Romans, Arthemonay… ), paraît d’origine dans toute son élévation (24m) : sur une puissante souche, scandée par des trous de boulin, un premier niveau d’arcs aveugles déportés vers les angles et surmonté de deux étages comportant chacun deux baies en plein cintre sur chaque face ; de petites arcatures décoratives couronnent l’ouvrage et soulignent la naissance d’un toit pyramidal peu élevé ». (ISMH 1926)
En fait nous savons aujourd’hui que le clocher a été surélevé au début du XIXe siècle et qu’il comportait donc autrefois un niveau de moins.
Il faut voir ce clocher éclairé la nuit, et visible de loin en venant de Saint-Nazaire par la route de La Baume d’Hostun.
Les cloches actuelles datent de 1828, les anciennes cloches ayant été enlevées à la Révolution. Elles furent coulées à Jaillans. On leur donna les noms de Marie et Lucie.
Sur la façade sud, une horloge donne l’heure au village.
Une horloge aurait été fournie et posée par Sieauvy, horloger à Romans, en 1857.
L’horloge électrique actuelle a remplacé en 1998 l’horloge ancienne qui avait cessé de rythmer la vie du village.

On remarquera la statue en haut du fronton. Elle se trouve vraisemblablement actuellement dans l’église sur le second pilier nord. On distinguera, sur la photo, la façade et deux murs latéraux au faîtage incliné construits après coup pour renforcer l’édifice, ce qui montre qu’il y a souvent eu des problèmes à cette extrémité du bâtiment. Le presbytère du XIXe siècle qu’on voit à droite sur la photo a été construit après ces renforts. Nous voyons encore aujourd’hui la base du contrefort droit, encastré dans le bâtiment. La façade actuelle de style néo-roman, et datant de la fin du XIXe siècle, n’a pas grand intérêt.

LES ÉTAPES DE LA CONSTRUCTION ET LES PREMIERS TRAVAUX CONNUS

Xlle siècle
L’église ne comporte que la nef, le chœur et l’abside.
L’abside n’est éclairée que par une seule baie axiale. Le clocher est plus bas d’un niveau. Une porte étroite et très haute donne accès directement à la travée de cœur. L’autel est vraisemblablement dans l’abside. La tribune n’existe pas. Les sacristies et les chapelles latérales n’existent pas encore. Le bâtiment est relativement étroit pour la hauteur de la nef (8m30), ce qui est un défi pour la solidité.

XIVe siècle
On pense que c’est à cette époque que la tribune a été construite à l’intérieur de la nef. Nous n’en avons aucune preuve formelle. Par contre, nous savons que l’accès à la tribune se faisait à l’intérieur, par un escalier en pierre accolé au mur nord et supporté par une arcature. Cet escalier a été supprimé en 1840 et remplacé par un escalier extérieur.

Plus tardivement
La poussée des voûtes dut poser des problèmes de solidité du bâtiment, puisqu’on jugea nécessaire de le renforcer latéralement par des arcs-boutants.
A des dates également incertaines, on ajouta : La sacristie nord, une petite chapelle au sud.
On notera que… la chapelle est signalée dans un acte de 1682 (elle était alors dédiée à Saint Pierre et Saint Paul). … la façade a été renforcée, peut-être à une époque plus récente (mais avant 1840), par des murs à faîtage incliné (voir photographie de 1874), dans l’alignement de la façade, et par un contrefort au sud du porche d’entrée

Les travaux des XVIIe et XVIIIe siècles
Les plus anciennes indications de travaux datent de 1657 et 1660
D’autres travaux commencèrent le 20 mai 1897.
On commencera par démonter la toiture de la nef
« Dès que la voûte eut été soulagée de la quantité énorme de matériaux dont on l’avait surchargée, les ouvriers s’empressèrent de démolir les deux premiers arceaux de la voûte de l’église et les murs de la nef jusqu’à la hauteur des chapiteaux des colonnes. Nous espérions pouvoir conserver le reste de l’édifice sans y toucher, mais après une étude sérieuse, l’architecte jugea nécessaire de démolir entièrement la façade et les murs latéraux jusqu’aux chapelles ».
« Nous avions pris toutes les précautions nécessaires pour que les moellons et les chapiteaux ne fussent pas endommagés et nous avions marqué les pierres pour les remettre à leur place ».
« La plus importante trouvaille fut celle d’une urne funéraire, qui fut découverte devant la porte de l’église en creusant les fondations. L’ouvrier cupide et maladroit qui la sentit au bout de sa pioche crut avoir trouvé un trésor. Il gratta la terre avec ses doigts pour la retirer mais n’ayant aperçu qu’un peu de cendres, après avoir enlevé le fragment de tuile qui la recouvrait, il la brisa d’un coup de son outil. Craignant cependant d’avoir fait une sottise, il en conserva une partie qui nous permit de juger sa forme. Cette urne plus large en bas qu’en haut avait environ quinze centimètres de hauteur sur douze de largeur et portait deux petites anses sur les côtés ». « … en fouillant pour les fondations nouvelles, nous trouvâmes plusieurs sépultures très anciennes, puisque les corps étaient en partie enterrés sous les vieilles fondations ».

La nouvelle façade néo-romane fut reconstruite en employant « les matériaux de l’ancienne construction à l’exception de la base de la façade, qui est en pierre de Saint-Nazaire et des angles qui sont en pierre de Chamaret »

Les chapiteaux
« Nous voulûmes, nous-mêmes, réparer les chapiteaux des colonnes, qui avaient subi quelques mutilations et qui avaient été maladroitement recouverts d’une épaisse couche de badigeon jaune ».
Le travail a été habile car, aujourd’hui, nous ne doutons de rien.
L’aspect intérieur
J.Chabert (curé de 1875 à 1920) a finalement adopté le parti de faire « ressortir le dessin des moellons par un grattage bien ordonné ».
Sur les parties où on ne disposait pas d’un appareillage en tuf ou molasse susceptible d’être mis en valeur, un enduit et de faux joints imitant la molasse furent adoptés. Le résultat fut des plus heureux. Les enduits sont aujourd’hui très abîmés du fait de fuites de toiture dans les années 1980/90. Il y a trente ans ils étaient encore dans un excellent état de conservation.

Fin des travaux
« L’église était remise à neuf jusqu’au transept, les murs avaient été reconstruits jusqu’au clocher et le toit de la nef entièrement refait. Mais il restait encore la restauration des chapelles, le ravalement des deux travées supérieures et du chœur. La toiture de l’abside et des deux chapelles laissait beaucoup à désirer par suite du mauvais état et de l’usure de la charpente. Tous ces travaux demandaient beaucoup d’argent et nous sentions que notre rouleau s’épuisait ».
En plus des travaux précédents, l’architecte M.Rey réussit à inclure « des marches et un dallage neuf au sanctuaire, l’appui de communion, que j’ai intitulé balustrade (pour éviter des problèmes avec l’administration !) » et « la balustrade de la tribune ». (Remplacement de la balustrade en fer mise en place par M.Mourier, curé de 1831 à 1873) 

façade de l’église en 1920

De nouvelles restaurations ont eu lieu plus récemment essentiellement à l’intérieur de l’église

Le cimetière

Avant le Xle siècle, il était, semble-t-il, autour de l’église actuelle, voire sur une partie de son emplacement. Il se peut qu’il y ait eu une église plus ancienne et qu’il fût autour de cette église.
Entre le Xlle siècle et le XVIIe siècle, nous n’avons pas trouvé d’information.
Avant la Révolution, le cimetière était, semble-t-il, toujours implanté autour de l’église. Il venait jusque devant l’église, « dans le terrain occupé par la place publique actuelle… »
Dans les années 1850, la création d’une place publique devant l’église étant souhaitée, il fallut envisager de déplacer le cimetière qui par ailleurs était peut-être devenu trop petit.

Recherches effectuées et publiées par Bernard Oquidam dans le livre « Jaillans, l’église Sainte Marie, huit siècles de vie monastique et paroissiale ». Ce livre a été édité par l’association « les amis de Jaillans » en 2004