Histoire de l’église de Bésayes
Bâtiments et espaces liés à la vie religieuse
Elle a été reconstruite presque en entier en 1954, sous le pastorat du Père Noël Dumonteil. Depuis ses origines elle est sous le patronage de Saint Étienne avec quatre autres églises paroissiales drômoises : Bathernay, Crépol, Espeluche et Lus la Croix Haute. Les petites croix sur les murs des églises consacrées sont absentes sur celle de Bésayes. Le curé Paillerey écrivait à la fin du 17ème siècle : « il n’est fait nulle mention de la consécration de ladite église, nulle fette de sa Dédicace » et aucun curé, par la suite, ne dira autre chose.
Le sanctuaire :
Mis à part le clocher dont on parlera plus loin, il ne reste de l’ancienne église que le fond du sanctuaire en « cul de four » que l’architecte Bérenger croyait pouvoir dire qu’il datait peut être, du 10ème ou 11ème siècle.
La nef, avant sa reconstruction, toujours selon Bérenger qui ne donne aucune date, était plus récente, elle était due à des « ouvriers du pays, sans aucune mesure, avec de grosses pierres presque sans ciment, entassées sans résistance ».
La chapelle de la Sainte Vierge, plus récente encore et la moins solide, comportait une profonde lézarde. Dans sa reconstruction deux mètres ont été gagnés du côté de l’école et deux piliers énormes qui la rendaient inutilisable ont été supprimés.
Le parterre de l’édifice était en larges dalles qui s’effritaient : elles ont été remplacées par un glacis en ciment.
La reconstruction commença le 26/04/1954. Les travaux encore inachevés, Mgr Urtasum vint la bénir le 6/02/1955. A cette occasion le Père Dumonteil faisait le point sur les travaux déjà effectués, qui avaient coûté environ 7 millions de francs de l’époque.
Le financement avait été assuré par :
un emprunt auprès de la caisse d’épargne de Romans : 4 millions
une subvention de l’État : 500000,00F
une souscription paroissiale : 500000,00F
un emprunt supplémentaire : 1 million
et les réserves accumulées de la paroisse depuis 7 ans, plus quelques dons anonymes.
Le Père Dumonteil dressait ensuite la liste de ce qui restait à faire : intérieur de la sacristie (très humide), crépissage extérieur, peinture des murs intérieurs, autel de la Sainte Vierge, vitraux, chemin de croix, bancs et chauffage. Tous ces travaux ont été effectués dans les années qui ont suivi.
En 1956 apparaît l’autel de la Sainte Vierge, avec sa statue d’époque, pour répondre au vœu fait à Marie en 1944 par la paroisse, si Bésayes était protégé des désastres de la guerre. La même année fut érigé le chemin de croix le 18/05/1956 sous la présidence du chanoine Escoffier : coût, 55925,00F. 1957 voit l’installation du chauffage électrique : coût, 352057,00F
On sait par le curé Paillerey dans sa réponse à l’enquête de 1687 que l’église n’a pas de clocher. Tout porte à croire qu’il date du 18ème siècle. En 1868, la fabrique (c’est un peu l’ancêtre de notre conseil pour les affaires économique) attire l’attention de la commune de Charpey (Bésayes devient une commune en 1873) sur l’état de délabrement complet de la charpente de la toiture et des planchers. L’édifice n’est donc pas récent et on imagine mal sa construction pendant les années noires de la Révolution et celles qui l’ont immédiatement suivie : il est certainement antérieur à 1789. Les conseillers fabriciens pensaient alors que « sa chute ne devrait pas tarder : elle endommagerait la nef et le sanctuaire et ce serait plus grave si elle s’effondrait au moment des offices divins ». Ils se plaignaient d’être délaissés en signalant qu’ils n’avaient pas les moyens d’effectuer ces travaux.
La commune donna une réponse positive puisqu’en 1869 une polémique éclata au sujet de la flèche. Une pétition pour empêcher cet ajout au clocher fut envoyée à la Préfecture qu’on dût rassurer sur sa solidité et son élégance.
C’est sans aucun doute la flèche actuelle.
Les trois cloches
la petite : elle était à la chapelle des pénitents que l’on a démolie au début du siècle, en 1909. Elle était au bas du clocher jusqu’au jour où le Père Dumonteil l’a remise en service. Elle avait été fondue à Lyon chez Burdin en 1821.
La moyenne : elle pèse 273 Kg et a été fondue chez Chevalier à Lyon en 1832, au temps du curé Breynat. En 1891 elle coûta 48,00F à la fabrique pour la faire consolider. « La commune n’ayant pas voulu payer comme elle l’aurait dû ».
La grande : elle pèse 628 Kg et a été fondue chez Monet à Lyon. Elle avait coûté 1946,00F, couverts par un don de 2000,00F de Joséphine Gara veuve Garcin, décédée en mars 1894. Bénite le 26/03/1895 par le vicaire général Bouloumoy : elle fut appelée Joséphine comme le prénom de sa donatrice. Son parrain fut Julien Garcin, juge d’instruction à Tournon et fils de Joséphine Gara. Sa marraine fut Angeline De Chatte épouse d’Émile Prompsal.
Une nouvelle rénovation (peinture, réaménagement du chœur) a eu lieu de 2005 à 2007.
Une description faite en 1877 fait mention de trois pièces au rez-de-chaussée : une cuisine, une salle à manger et un salon. A l’étage on trouve trois chambres : celle du curé, celle de la domestique et celle des étrangers. Au dessus il y a un galetas. La superficie au sol est de 75 mètres et les pièces ont trois mètres de hauteur.
Les planchers sont en sapin et rabotés, le plancher et le plafond de la chambre de la domestique sont vermoulus. Les escaliers trop étroits sont en chêne. Il y a trois cheminées. La charpente et la toiture en tuiles creuses sont en assez mauvais état. Les murs sont solides, crépis, blanchis. Les portes sont en bois de sapin et assez propres. « La cure est habitable, mais de la plus grande simplicité ». La commune n’a jamais voté un centime, même pour les réparations d’entretien. Au bas de cette page du curé Tulit, son successeur Dorier ajoute 11 ans après, que rien n’a changé avec la commune. Elle a refusé de participer à des réparations qu’on vient de faire et qui ont coûtées 1900,00F. Il ajoute à l’adresse du maire : « ce n’est pas étonnant plusieurs de ses administrés voulaient la convertir en école maternelle ». De nombreux indices nous confirment que Bésayes ne fut pas exempt d’anticléricalisme à la fin du 19ème siècle et au début du 20ème. Un texte, non signé ni daté, qui devait être le double d’une lettre adressée au maire par le curé Gauthier (au vu de l’écriture) et qui a dû être écrite peu avant, sinon au moment de la séparation de l’Église et de l’État, nous indique que la commune veut faire payer un vrai loyer au curé, pour le presbytère, et le menace d’expulsion s’il s’y refuse. L’évêque, mis au courant, demande qu’on lise en chaire que si la commune ne veut pas loger son curé, il lui sera retiré. « Un acte du 25/05/1839, écrit Gauthier dans sa lettre, semble conférer la propriété du presbytère à la commune. Cela se comprend, il fallait à l’immeuble un propriétaire légal et on n’a rien trouvé de mieux que de l’attribuer à la commune. On ne pouvait prévoir à cette époque ce qui se passe aujourd’hui. D’où la cure est à la paroisse, la commune n’est que propriétaire légal. Le curé peut dire qu’il est logé par ses paroissiens, pas par la commune ».
Le prêtre demande au maire un délai suffisant pour vider la place s’il est expulsé. On sait qu’à partir de 1917, le curé paiera 150,00F de loyer par an et ce prix sera reconduit jusqu’au départ du Père Dumonteil pour Alixan, ce qui fera alors 1,50 F (nouveau). Le loyer est donc devenu progressivement symbolique.
Le presbytère a été démoli en 1971 pour permettre la construction de deux nouvelles classes scolaires
Le cimetière
Autrefois on le trouvait à peu près partout autour de l’église : c’était ainsi à Bésayes. Les curés de la paroisse et même les plus grands notables étaient parfois inhumés sous les dalles de l’église et je crois bien que cela a été pratiqué à Bésayes.
C’est en 1877 que furent abandonnées les sépultures autour de l’église et que fut mis en service le cimetière actuel. C’est depuis 1906 que les cimetières sont sous la dépendance exclusive des communes. Avant, c’était un espace religieux : il devait être bénit, comporter une surface pour les non baptisés et ceux qui n’avaient pas droit à la sépulture ecclésiastique.
Une lettre du curé Tulit, conservée dans les archives de la paroisse, est très éclairante. Il s’adressait à l’évêché le 25/09/1877 pour lui demander la permission de bénir le nouveau cimetière : il renouvelait une lettre faite la semaine précédente et restée sans réponse et il insistait sur l’urgence de sa demande. Ainsi on apprend que le nouveau cimetière « était clos de murs, fermé par une porte en fer, qu’au milieu une croix était élevée, qu’un espace suffisant y était réservé pour tous ceux qui ne peuvent recevoir la sépulture ecclésiastique. L’ancien cimetière se trouvant déjà interdit par M. le Préfet, s’il se présentait un enterrement je ne pourrais accompagner le corps au nouveau cimetière puisque les ordonnances défendent à tous les ecclésiastiques d’assister aux enterrements qui se font dans un lieu non bénit par l’Évêque ou de son autorisation.
L’enterrement serait donc mixte, c’est à dire en partie religieux et en partie civil. Pour prévenir ces inconvénients, il est de toute nécessité que votre grandeur me délègue au plus tôt, si elle m’en juge digne ».
La réponse fut immédiate : elle était donnée en latin en marge de sa lettre qui lui fit retour. Je traduis : « Faites ce que vous demandez et salut dans le Seigneur ».
Le curé Tulit signale une croix au centre du cimetière disparue depuis.
Les croix
Bien des carrefours dans nos campagnes en ont une. Elles sont les témoins d’un passé chrétien où l’Église rythmait la vie sociale. Bien que modestes, elles sont présentes sur le territoire de la commune. J’en ai répertorié cinq, mais peut être en ai-je oublié. Au centre du village, nous avons certainement tous présente à l’esprit la grande croix à côté de l’église, peut être un peu moins celle du carrefour de la route de Charpey, envahie par la végétation, et les trois autres qui entourent le village en des points différents.
Recherches effectuées par Cyprien Gineys (curé de Bésayes de 1995 à 2008) publiée dans le livre « Bésayes …notre mémoire » par Jean-Claude Milet et Jean-Noël Reboulet