Recollection Aiguebelle: Le dialogue Islamo-Chrétien

C’est en ce weekend du 23-24 novembre, qu’une vingtaine de personne de la paroisse, d’Ardèche et de Beaumont les Valence se retrouvèrent à Aiguebelle pour un temps de récollection. Le thème en était : « Le dialogue entre chrétiens et musulmans » et c’est Guy Leydier, diacre et responsable diocésain du dialogue Islamo-Chrétien qui nous donna les clefs pour entrer dans ce dialogue auquel en tant que croyants nous sommes tous conviés.

 

Le silence demandé, la beauté des lieux et les temps de prière vécus avec la communauté monastique, nous permirent d’entrer dans ce cœur à cœur avec Dieu et d’accueillir les enseignements proposés.

Trois temps d’enseignement : 1/ Eglise et dialogue avec une présentation de l’Islam. 2/ Chemin d’Eglise vers le dialogue et présentation des réalités Drômoises. 3/ Dialogue et mission.

Etymologie du terme Dialogue : se laisser traverser par la parole de l’autre. Cet Autre qu’est Dieu, mais aussi cet autre, mon frère.

Le dialogue, lieu où en découvrant « l’autre » on se découvre soi-même, on découvre son humanité, son identité. Expérience à laquelle, nous sommes tous conviés, exigence pour l’Eglise toute entière. Depuis le dernier concile Vatican II, les positions de l’Eglise sur ce sujet sont nombreuses. Voir « Gaudium et spes » (Constitution pastorale, de l’Eglise dans le monde de ce temps). « Nostra Aetate » (Déclaration sur les relations de l’Eglise avec les religions non chrétiennes), ou plus récemment, la dernière encyclique du pape François « Fratelli Tutti ».

Dans « Fratelli Tutti » François nous dit : « Se rapprocher, s’exprimer, s’écouter, se regarder, se connaitre, essayer de se comprendre, tout cela se résume dans le verbe « dialoguer ». Il est inutile de dire à quoi sert le dialogue. Il suffit d’imaginer ce que serait le monde sans ce dialogue persévérant et courageux qui aide discrètement notre monde à mieux vivre. »

Une Eglise qui confirme son intention sincère et profonde du dialogue dans les voyages en pays musulmans du pape François. A Abou Dabi où se sont rencontrées le 4 février 2019 les deux plus hautes instances morales et spirituelles de la chrétienté et de l’Islam, c’est-à-dire le Saint-Siège en la personne du pape et le recteur de la Mosquée d’AL Azhar, en la personne du Grand imam le cheikh Ahmad El Tayyeb. Ou encore en Irak où le pape invite au dialogue et à la fraternité.

Le document qui est sorti de cette rencontre affirme : la forte conviction que les vrais enseignements des religions invitent à demeurer ancrés dans les valeurs de la paix ; à soutenir les valeurs de la connaissance réciproque, de la fraternité humaine et de la coexistence commune ; à rétablir la sagesse, la justice et la charité et à réveiller le sens de la religiosité chez les jeunes. La forte conviction que la liberté est un droit pour toute personne.

Le dialogue interreligieux un long chemin qui doit toujours éviter deux écueils :

Le premier, celui de s’engager dans un chemin d’affirmation de nos identités. Le chemin identitaire est marqué par la peur. C’est lorsque nous avons peur de l’autre que nous nous enfermons dans un tel repli. C’est aussi le signe que nous n’avons pas trouvé en nous le chemin de la liberté, de la liberté intérieure, de la liberté véritable. C’est parce que nous manquons de liberté que nous nous renfermons sur nous-mêmes.                                                       Le second, est celui du syncrétisme, qui nous ferait croire que finalement nous avons tous le même Dieu, nous croyons tous pareil, et que nous sommes tous d’accord. Non, le syncrétisme est une source de conflit entre tous les hommes parce que personne ne s’y reconnaît et personne ne se sent respecté dans son chemin ni dans ce qu’il porte en lui.                                

Il y a un troisième chemin, c’est celui de la fraternité. La fraternité ne demande pas le semblable mais une altérité de communion et de respect. C’est cela l’enjeu : trouver le chemin de l’altérité et de la communion. Un chemin qui n’efface pas nos différences, mais en fait un levier.

Philippe Luciani